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Le BLOG de l'AUTRE, c'est un endroit où seront publiés les RÉCITS de mes petites AVENTURES plus ou moins véridiques, ARRANGÉES, remaniées. De petites FICTIONS. Et peut-être, même quelques ARTICLES politiques à mettre ou à REMETTRE dans le contexte de l'ÉPOQUE. Mais aussi mes IMAGES… comme mes DESSINS, ma PEINTURE, mes PASTELS, zé mes PHOTOS.

15 Jan

Je me souviens N°19 – Johnny m'a parlé ! Ouais, à moi !!! –

Publié par J-F l'Autre  - Catégories :  #Comme un portrait bancal...

Je m'en souviens bien de la première fois que j'ai vu Johnny. C'était un dimanche après midi, je devais avoir dix - douze ans. C'était sûrement pendant des vacances scolaires, mon oncle et ma tante de Chartre étaient à l'appartement avec leurs enfants. Pour que je ne m'ennuie pas trop car je n'avais pas le droit de descendre jouer avec les enfants de la  cité, les parents m'avaient allumé la petite télévision en noir et blanc. Le film qui passait c'était "D'ou viens tu Johnny?" Johnny, mon père ne l'aimait pas du tout, il ne jurait que par Jacques Brel et Édith Piaf, ma mère non plus ne l'aimait pas mais le trouvait très beau avec une belle voix. Moi avec mes yeux de petit enfant, j'avais trouvé que ce mec qui arrêtait et tordait le coup des taureaux camarguais à mains nues, était extraordinaire. En plus, y'avait de grands espaces, des cowboys, des ranch, des chevaux, aussi des indiens. Enfin, les cowboys c'étaient des gardians et les indiens, des gitans. Sur internet, d'un œil distrait j'ai revu un film plaisant. Hier soir j'avais dix ans.

A la Houssaye dans la chambre des grands sur les quatre gus, y'en avait trois qui étaient des fans. Christian de Sardou, Jean-Yves lui c'était Julien Clerc et Gérard Le Normand, moi j'avais conservé Johnny. Nous étions assez mordu chacun dans notre camp. Si avec Jean-Yves ses idoles étaient propre sur elles, en un mot : consensuelles, ce n'était pas notre cas. Sardou créait déjà dans nos têtes des polémiques, si "La maladie d'amour" ou "Et mourir de plaisir" nous plaisaient bien, "Le France", "Le rire du sergent", "Les villes de solitude", nous faisaient gerber. Même Christian n'aimait pas certains titres. Chez Johnny c'était un peu plus simple, c'était du rock n'roll, la musique des rebelles, des blousons noirs, et des ballades d'amour pour emballer. A l'époque, treize – quatorze – quinze ans, je ne savais pas ce qu'était droite ou gauche, je m'en foutait, mais je savais qu'il avait soutenu Giscard et ça ne me plaisait pas du tout. Onze ans après, il chantait à la fête de l'huma, chez les cocos. Sans être coco, j'aimais mieux !

La Houssaye passa, et je revins dans mon HLM, dans ma banlieue. Rentrée soixante quinze, lycée d'enseignement Technique, Eugène Hénaff à Bagnolet. Après les cours, en rentrant du lycée avec mon vélo demi-course de la marque Carrefour, pour changer la routine, des fois je faisais des détours. Un jour, je me suis rendu compte que je passais devant la discothèque de prêt, annexe de la bibliothèque municipale de la ville de Montreuil sous bois. Je m'y suis arrêté. Il y avait tout plein de disques, des trente trois tours et je pouvais les emprunter sans supplément avec la carte de la bibliothèque que je m'était payé avec mon argent de poche. Au début, je me contentais de les écouter sur le meuble radio, tourne-disques (marque Grundig) de mon père quand les parents n'étaient pas là. Plus tard, j'enregistrais les disques sur cassettes en direct du haut-parleur du poste vers le magnétocassette, Téléfunken des parents. Je te dis pas, le son de merde. L'année suivante pour mon Noël avec ma paye de vendeur, fruits et légumes, des samedi et dimanche matin sur les marchés de Montreuil, je me suis acheté un tourne disque stéréo et une radiocassette. Tant que je n'ai pas pu acheter de disques, j'ai continué à faire mes enregistrements. Plein de Johnny et d'autres aussi.

Dans les magazines du genre "Salut les Copains" s'il y avait des posters de mon idole, j'en achetais certains pour afficher dans ma chambre. Le mag que je préférais c'était Hit magazine, les posters étaient plus grands.

Je me souviens aussi que je m'efforçais d'imiter ma vedette préférée, le tourne disque à fond, et que je gueulais encore plus fort en me tortillant, sautant sur mon lit et me roulant parterre. J'ai appris, il y a quelques temps que mes transcendantes imitations foutaient une trouille bleue à ma petite sœur, alors que je devais la garder. Faut bien dire que je lâchais les chevaux quand les parents n'étaient pas là. J'avais au minimum seize ans, elle huit. A part me faire chier que pouvait faire ce bébé.

Je me souviens plus comment j'avais eu ces disques, mais j'avais une petite dizaine de quarante cinq tours de mon idole. (Peut-être volés ?) L'ancêtre de l'EP, y'avait quatre titres, deux par face. Je les avais gardés, je pense deux années.  Je les aie offert à ma Julie de l'époque, une copine de ma cousine Monique. Une belle petite portugaise aux longs cheveux noirs. Son prénom commençait par : Gl et finissait par : ia, avec l'or au milieu. C'était le titre d'une chanson des Doors. Qu'est-ce qu'elle me faisait, me sentir bien… et puis, elle m'a largué. Elle voulait me rendre mes disques mais moi grand seigneur, je lui ai dit : "je te les aie offert parce que je t'aimais, tu les gardes". J'ai laissé mes vinyles de Johnny dans un petit pavillon de Chatou, banlieue ouest. Quel con !

Pour me changer les idées, les samedi, avec les potes de la section menuiserie du lycée, j'allais traîner du coté de Neuilly sur Marne, banlieue est. On allait "Chez Papa" un café qu'est devenu une pizzeria mais j'en ai déjà parlé. Y'avait un juke-box, je n'y mettais que les morceaux de Johnny. Quelques temps après, j'eu un surnom, vous devinez lequel ? Peut-être aussi parce que j'en parlais assez souvent, cela avant que Renaud vienne foutre sa zone avec "Laisse Béton". Les habitudes étaient prises. Pendant environ deux ans, je ne répondais qu'a ce prénom. Sauf pour les parents qui étaient bien loin de se douter…

Rester seul c'est pas mon truc, ça a duré quand même un peu. Au moins cinq mois. Puis la rencontre avec la meilleure copine des frangines copines de mes potes. C'est clair ? Réfléchis un peu. Toujours pas ? Je ne peux rien pour toi, retournes chez Mickey. Humour, désolé quand même… Ghislaine qu'elle s'appelle comme ma sœur, l'avantage c'est que ce n'est pas ma sœur.  C'était une fan d'Arlette Laguiller et de Johnny. Prolo, fille de prolos, gaucho, belle et rebelle. Je ne me souviens plus à quelle occasion, elle m'offrit une "vraie photo" de Johnny. Une photo prise par son frère au Palais des Sport en mille neuf cent soixante neuf avec un appareil photo à pellicules. Ça peut paraître ridicule aujourd'hui mais à l'époque… … Ben vous savez – la photo – je l'ai toujours.

En ce temps là, j'écoutais les émissions : Le "Super Club" de Sam Bernett, les "Routiers sont sympa" de Max Meynier et "Poste Restante" de jean Bernard Hebey, le samedi soir. J'étais bien planté sur RTL. J'avais assisté à une émission du Super Club, un samedi après midi dans la grande salle de réception de la mairie de Montreuil, je n'ai pas trop de souvenir de ou des vedettes invitées. En revanche, je me souviens bien d'un jour d'enregistrement de l'émission de "Grosses Têtes" au siège de RTL, 22 rue Bayard, Paris huitième. Sur le trottoir le petit public était canalisé par des ganivelles. On attendait tranquillement, faut dire que vu l'âge moyen, il n'y avait pas de risque de débordement. Moi avec mes dix-sept ans, j'ai du faire chuter de quelques heures, la moyenne d'âge, à soixante cinq ans, onze mois, dix neuf jours et vingt-trois heures douze minutes. Lorsque Johnny est sorti de l'immeuble de la radio les barrières n'ont pas été renversées. Il s'est peinardement mis au volant. L'immense foule de vingt-deux ou vingt-trois retraités ne m'a pas gêné pour traverser la rue et aller toquer au carreau de sa voiture. M'approchant près de la caisse, le passager derrière lui s'est empressé d'appuyer sur le bitoniau du blocage empêchant l'ouverture de la porte. Johnny a ouvert sa vitre en appuyant sur un bouton. Electriques, qu'ils étaient les carreaux. Première fois que j'en voyais fonctionner, en vrai.

Il a dit :

  • Qu'est-ce que tu veux,
  • Un autographe, répondis-je
  • Je n'ai pas de crayon, me dit-il
  • Moi j'ai, avec mon paquet de Gitanes pour signer, dis-je, en lui tendant le tout
  • Vas à RTL, ils en ont plein, qu'il m'a répondu en démarrant son gros tacot. (peut-être, une Jaguar)

Chiotte, j'avais la même coupe de cheveux que lui jeune, je fumais la même marque de cloppes que lui, moi qui pensais, que ça aurait créé une certaine affinité. Ben merde ! Tant pis. J'ai pas eu son autographe mais Johnny m'a parlé. Et ouais à moi !

 

Epilogue :

J'ai assisté à l'enregistrement de l'émission. Et j'ai quand même eu une photo dédicacée,  de, de… …attention roulement de tambour : Jean Lefebvre !!!

Ahahahahaha

 

Petite réflexion : Il aura fallu qu'il meurt et qu'il en devienne presque un Immortel pour que beaucoup de gens (dont moi) cessent d'avoir presque honte d'avoir été, d'être toujours emballé, passionné, exalté par ce type. D'être tout simplement : fan.  

 

©Janvier 2018

La vraie photo - Un des 45 tours (4 titres) - Le poste - Le magnétophone
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