Je me souviens N°26 – À la Houssaye… … la suite n°4 –

"2ème année"

Enfin, pour moi, il est temps de reprendre l’école. Cette année : changement. Je n’irais pas au collège, en quatrième CPPN, (classes pré-professionnelles de niveau) faites pour les élèves en échec scolaire. Pour faire bref : je pense que j’étais trop fort pour le niveau CPPN mais pas assez balèze pour la quatrième "normale", en plus y’avait l’age…trop vieux !

J’ai donc intégré à presque quatorze ans un autre type de voie d’attente : l’école de la Houssaye sans niveau vraiment définit. Nous on disait "rattrapage". Moi, je n’ai pas le sentiment d’avoir rattrapé quelque chose pendant ces deux années. J’y ai quand même passé avec succès mon CEP, (certificat d’étude primaire) parait que c’était la dernière année que l’examen existait.

C’est, je pense lors des deux années suivantes, dans cette classe, que sans m’en rendre compte, j’y ai commencé l’apprentissage de ce qu’était la société. Qu’il y a la gauche et la droite, que ce n’est pas du tout la même chose. La nature de l’Homme. Ce qu’est la conscience, le libre arbitre, la voie de l’esprit, surtout la voie vers l’esprit critique. J’y ai adoré ces drôles de cours du samedi matin quand il ne faisait pas beau, qu’il pleuvait que nous ne sortions pas pour notre séance de trois heures de sport hebdomadaire à travers bois, par monts et par vaux, le long des berges de la seine. Ces samedi là au lieu de faire travailler notre corps, Philippe G. nous racontais des histoires, de sciences, de natures, de la vie de grands hommes et femmes naturellement. Pendant trois heures nous écoutions – je pourrais presque dire "religieusement" – Philippe qui parlait, racontait. Certains étaient bouche bée, d’autres, dont moi gribouillons, dessinions. Si j’avais planté autant d’arbres que j’en ai dessiné pendant ces deux années, y’aurait pas ce problème de réchauffement climatique. Puis, il était midi, on n’avait pas vu le temps passer, y’avait pas eu de récrée, tous autant que nous étions, on s’en foutait. C’était comme un espace, hors du temps présent. Commencer à penser et non plus à croire. Pendant cette période ce qui allait devenir moi, était en germination.

Tout ça n’empêchait pas dire ou de faire des conneries. Les stagiaires : Il y en eu certains qu'on a franchement fait chier. Bizarrement, ce n’était pas les filles qu’on emmerdait le plus, par contre les mecs qui nous donnaient le sentiment de ne pas vouloir se laisser dépasser par des branleurs de quatorze ans, ils en ont pris. Ils n’avaient que sept, huit ans de plus que nous : "les grands". Je ne me rappelle pas qui était responsable mais un matin y’a un des stagiaire qui à défoncé la porte de la salle de bain à grands coups de pieds (comme dans les films de Bruce Lee) pour en sortir l’un de nous qui s’y était enfermé. Surprenant pour ce mec au look hippie, aimant la comédie musicale : Hair et Julien Clerc, pour mon anniversaire, il m’avait payé le disque "Les Grenouilles" de Steve Waring, franchement, ça ne me plait toujours pas. A part la chanson "Le Matou revient".

Y’en avait un autre qui lui était vraiment sympa et cool avec nous. Il avait le look à la Jim Morisson. Il venait juste de devenir végétarien. Anecdote : Notre nourriture était préparé par une cuisinière et franchement s’était très rarement pas bon, et comme il y avait toujours de bonnes odeurs qui flottaient dans la salle à manger, et bien sur ses pâtes ou sa purée de pommes de terre, il se rajoutait quand il y en avait une bonne sauce issue du jus de la viande qui accompagnait la garniture. Lui semblait être un vrai hippie. Je ne sais plus pourquoi mais aux repas du soir quand il était là, souvent on riait bien.

©janvier 2020

Mon école dans les bois