Je me souviens N°13 - Le Tréport -

Que dire sur le Tréport. Le Tréport, c'est le Tréport. Aujourd'hui, la ville a dû beaucoup changer. Trente quatre, trente six ans. Avec internet, on peut trouver des images de n'importe quel endroit de la planète. Comme dans toutes les bourgades, on a enlevé le bitume et on l'a remplacé soit par des pavés soit par du béton gravillonné et lavé, c'est plus joli. Le Tréport reste sûrement avec quelques lotissements supplémentaires, toujours le même, plus moderne évidemment. C'est ce que j'ai pu constater sur les vues actuelles de cette petite ville, trouvées sur internet.

En mille neuf cent soixante seize, j'avais seize ans, à l'époque nous n'avions pas le choix il fallait suivre papa, maman en vacances, l'année suivante aussi. En soixante dix huit nous avions déménagé à Limoges.

Un médecin avait dit à ma mère que pour être en bonne santé, notamment au niveau des voies respiratoires, l'air iodé était un remède préventif. L'un des endroit les plus iodé, je vous le dit c'est le Tréport. Et donc, nous voilà parti, mon père, ma mère, ma sœur et moi au Tréport. Avec le combi Volkswagen blanc, pas dans le camping, sur le parking au bout de l'esplanade de la plage, au pied des falaises. Ça paraît sympa comme ça, mais le combi, c'est deux banquettes à l'arrière, deux sièges à l'avant et pis c'est tout ! Pour les vacances on enlève la banquette intermédiaire, en travers, on met une porte avec des coussins. Elle repose sur le dossier du siège conducteur et sur celui de la banquette arrière. L'un de nous quatre dort là dessus, je ne me souviens pas qui. Pour les trois autres, je ne me souviens plus non plus. Les chiottes, c'est le seau de chambre et les publiques, celles qui sont à huit cent mètres, sur le port. Heureusement, à l'époque, on ne prenait pas une douche par jour, une par semaine suffisait bien. Et, heureusement encore, qu'en Normandie même quand le soleil brille, il ne fait pas trop chaud. Part contre les deux années ou nous y sommes allés, je ne me souviens pas qu'il ait plu, coup de chance !

J'y ai même pris des coups de soleil, sur les épaules, à tel point qu'elles furent brûlées comme si l'on n'y avait passé un coup de chalumeau. C'était dans ces années ou le vêtement synthétique était roi, tee-shirt, chemise nylon. Il fallut trouver un toubib pour guérir les plaies à vif  et acheter des chemises et des polos de coton. Trois, quatre jours assez difficiles.

La plage, c'est une belle plage, le seul défaut c'est que c'est une plage de galets, et les nuits – le jour, on ne s'en rend pas compte – c'est bruyant.

Il y avait aussi un vieux bonhomme qui venait sur la plage avec son cheval de trait et un tombereau, En Bretagne, les paysans sur les plages récoltaient le goémon. Lui, il y ramassait les galets pour en faire quoi ? Si je l'ai su, je ne m'en souviens pas. Il venait tous les jours sauf le dimanche.

Je me souviens aussi d'un petit fourgon Fiat – la moitié du combi Volkswagen – qui s'était garé à coté de nous. Dedans, il y avait un type curieux, un petit bonhomme, à la taille du fourgon. C'était un batteur, un gus qui tapait sur une batterie pour en faire sortir du rythme, le soir dans les clubs de jazz de la capitale. Quand il avait un peu de repos, deux ou trois jours, par-ci par-là, il s'échappait à la mer ou à la campagne. Il disait : "pas besoin d'aller bien loin pour sortir de l'univers enfumé des boîtes et retrouver la lumière du jour".  Il disait aussi, qu'il fallait savoir sortir de cet univers pour ne pas sombrer dans une sorte d'autodestruction dévastatrice. Je ne compris ce qu'il voulait dire que bien plus tard.  Mais avant qu'il  n'aille retrouver ça tribu musicale, il me donna une cassette audio (il n'y avait que ça à l'époque) de solo de batterie. Si je cherchais bien, je pourrais peut-être la retrouver, la cassette. Il jouait dans plusieurs cav'conce  de la rue de Lappe dans le 11^ème près de la Bastille. J'y étais allé avec ma copine, c'était l'année de mes dix sept ans.

© Mai 2012

Le combi VW au pied de la falaise ! Ne pas oublier : pour 4 personnes !!!!!!!!